De ma petite province, ces dernières semaines, on pouvait entendre sur France Inter des milliers de « on est pris en otage », « c’est pas notre problème », « à cause des grèves, je passe 6 heures par jour dans les transports »... le tout accompagné de la belle voix de Michel Bergat de Rosny-sous-bois et des 600 ou 800 kilomètres de bouchons cumulés chaque matin. Et je ne me sentais vraiment pas concerné. En dehors des considérations du pourquoi de la grève et des raisons politique, je me suis cependant demandé pourquoi l’arrêt des transports en commun foutait tant la merde ? Ce qui m’amène d’une part à poser la question de la distance travail-habitat et d’autre part, à relayer une petite idée d’Albert Jacquart.
La distance moyenne travail-logement grandit depuis des années (j’ai entendu parler de 25 kilomètres, ce qui me paraît énorme... à vérifier) mais toujours est-il qu’elle augmente : parce qu’on a la voiture, que celle-ci est de plus en plus confortable et qu’il y a de plus en plus de transports en commun en zones urbaines. L’homme moderne doit être mobile. N’étant pas toujours très moderne, j’ai toujours essayé d’habiter au plus près de mon travail... en particulier pour sortir de mon lit le plus tard possible le matin. Mais j’en conviens bien que c’est un luxe de célibataire et que je ne travaille pas à l’Arche de la défense, en tant que balayeur, par exemple. On parle de consommer moins d’énergie, il y a eu un joli Grenelle de l’environnement et je n’ai jamais entendu parler de cette solution : réduire la distance travail-logement. Alors que c’est bien ce que fait le cadre en temps de grève quand il dort dans son bureau. Mais pour cela, peut-être devrait-il y avoir une vraie démarche politique de construction de logement en fonction des lieux de travail, et à l’inverse : apporter du travail dans les zones de logement : quartiers H.L.M. comme zones pavillonnaires, car à 5 kilomètres en moyenne de son lieu de travail, tout le monde pourrait y aller en 15 minutes de vélo...
L’autre remarque vient d’Albert Jacquart, qui était invité au zapping de France Inter samedi 24 novembre de 15 à 17 heures. En temps de grève de la RATP et de la SNCF, chacun prend sa voiture pour se rendre à son travail (ou pas) et le réseau routier est très vite saturé. Tout le monde se trouve alors dans les bouchons... dans la joie et la bonne humeur (ou presque). Depuis que les grèves sont finies, une bonne partie des parisiens se redéplace sous terre et ça roule mieux en surface. Les automobilistes peuvent donc remercier tous ceux qui ont repris les transports en commun, puisqu’ils ne bloquent plus les avenues. Donc les transports en commun profitent aux automobilistes, alors que ceux-ci sont bien plus néfastes pour l’atmosphère. L’idée d’Albert Jacquart serait donc de faire payer le métro et le R.E.R. non pas aux usagers, mais aux automobilistes, par une taxe sur l’essence, et ainsi de rendre enfin les transports en commun gratuits. A méditer.
PS : à lire d’Albert Jacquart, le fameux "j’accuse l’économie triomphante" ,de 1994 mais toujours d’actualité. Je lui consacrerai une fiche de lecture un jour...